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MONDREPUIS par MJM.02
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MONDREPUIS par MJM.02
  • Mondrepuis d'hier et d'aujourd'hui vu par un habitant passionné de collections et d'archives sur cette commune de thiérache. Si vous copier indiqué la source, elle pourra peut être me donnai des pistes pour mes recherche prochain.
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12 décembre 2014

12 ans en 1940.

      

12 ans en 1940.

 

    Dans les années 2000, une habitante de Mondrepuis, nous livre ces souvenirs de sa guerre à elle.

 

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Septembre 1938

 

          Première mobilisation générale. Les hommes sont appelés sous les drapeaux. Voilà, les soldats qui passent sans arrêt sur la route d’Anor. C’est incroyable.  Pendant deux jours partout dans le village,  ils sont cantonnés. Chez nous, il y a la roulante. Dans une pièce qui sert de débarras, c’est la boucherie. La pâture devant la maison est remplie de matériel militaire avec les chevaux. Les soldats couchent dans la grange et dans la première écurie. Dans la deuxième, ce sont les chevaux des officiers. Nous sommes occupés à regarder cela.

 

2 Rue d'Ardennes

         Les soldats montent la ligne téléphonique, car il n’y avait pas encore de téléphone chez les particuliers.  Cela dure quelque temps  et fin septembre- début octobre,  les soldats sont démobilisés. Ils rentrent chez eux, mais il reste un petit groupe de soldats dans le village, Pour nous,  la vie reprend son cours avec la rentrée des écoles.  Bien sûr, on entend parler de plus en plus que la guerre va éclater mais comme nous sommes encore des enfants, on ne réalise pas.

         Le temps passe, les vacances scolaires arrivent.  En ce temps là,  c’était au 14 Juillet. Nous profitions de ces mois d’été  mais les grandes personnes annoncent l’imminence de la guerre.

 

Fin Août 1939

           La mobilisation générale.  On voit  des affiches partout et le 3 Septembre 1939,  l’Allemagne déclare la guerre à la France.

          Voilà de nouveau,  comme un an plutôt,  les hommes mobilisés. Nous avons peur. Sur le mur de chaque maison est inscrit le nombre d’hommes et de chevaux que l’on peut loger.  Les maisons qui ont des chambres libres se sont  pour les officiers et sous officiers.  Une maison, route d’Anor,  sert de  P C au colonel.  Beaucoup d’instituteurs en font partis parmi eux Maurice Brugnon.

 Des soldats il y en a partout ainsi que les chevaux,  les canons et les caisses d’obus. Plus de vélos chez les marchands, ils sont réservés pour l’armée.

         En octobre,  nous reprenons l’école. Chaque jour,  quelques soldats viennent passer la soirée à la maison. Les femmes viennent voir leurs maris. Elles s’arrangent pour qu’on les couche.

         En novembre, les pères de famille de quatre et cinq enfants ainsi que les plus âgés sont démobilisés. Les soldats restent quelque  temps puis ils partent sur les frontières.  Ils sont remplacés par le 111éme régiment d’artillerie et le 7éme régiment de chasseur alpins.  Là ce sont des mulets, ils ont tous un pompon sur leur tête. Ensuite,  ils sont remplacés par le 25éme régiment de tirailleurs algériens. Là,  nous découvrons leur nourriture.  Pour la première fois,  nous voyons des pois chiches  car tous les jours, ils nous apportaient à manger. A la fin du ramadan, nous assistons à leur fête, ils faisaient des méchouis. Ils faisaient cuire plusieurs moutons. Nous étions curieux, car nous n’avions jamais vu cela.

        En mars à l’école, on nous distribué des masques a gaz, que nous devons prendre chaque jour.

        En avril, on s’inquiète de plus en plus. On a fait faire des tranchées pour ce mettre à l’abri des bombardements.  Plusieurs familles par tranchées, les places sont comptées.

        Fin avril,  les avions allemands viennent en reconnaissance et lâchent quelques bombes. Nous allons nous cacher dans la cave, les soldats sont de plus en plus inquiets.

        Début mai, les soldats partent tous pour les frontières car les allemands envahissent les pays voisins. On commence à voir passer les hollandais et les belges qui fuient leur pays, c’est l’évacuation.

 

 

  

exode 1940 b

       Le 16 mai, vers 3 heures de l’après midi, nous partons. Nous évacuons avec un cheval et la charrette d’un voisin. Nous sommes plusieurs familles à partir ensemble. Nous suivons à pied. Arrivés à Effry, un train de munitions est en train de sauter. Nous nous cachons dans le fossé. Nous avons très peur. Les balles sifflent au dessus de nos têtes. Nous ne pouvons pas passer, aussi nous nous arrêtons dans la ferme en face. Nous nous couchons dans les écuries sur la paille pour passer la nuit.

 

corteges

                                                                                                                      Le lendemain matin, le 17 mai, nous repartons. La route est envahie par des gens comme nous ainsi que par des soldats faisant demi-tour et ne sachant plus quoi faire.

 

 

 

 

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       Nous arrivons à Etréaupont. Un soldat de la croix rouge venant de nous dépasser en vélo, se fait tuer cinquante mètres plus loin sur la grande route. Les allemands étaient là, à hauteur du passage à niveau et ils nous empêchent de passer. Alors, nous faisons demi-tour, A Gergny, nous nous réfugions dans une ferme. Les avions nous bombardent. Deux fermes brulent derrière l’endroit ou nous nous cachons. Nous restons là quelques heures et quand le calme revient nous repartons. Nous avons passé la nuit dans la même ferme que la veille à Effry.

       Le lendemain matin 18 mai, nous repartons pour rentrer à la maison. Mais, arrivés à hauteur de « Mon Repos » (aujourd’hui Provita) nous sommes de nouveau arrêtés. Nous passons la nuit à la ferme Flament.

 

 

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        Le 19 mai au matin, nous nous remettons en route. Arrivés à l’entrée du village, nous apercevons que l’église ainsi que de nombreuses maisons brulent. De nouveau nous sommes arrêtés et obligés de rester au niveau de la boulangerie. Des combats ont lieu encore un peu partout.

 

 

 

 

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        Dans l’après-midi, on nous autorise à passer. Au café « Proisy » (désormais Baudrillard), un char d’assaut est monté sur les marches. Les corps des soldats morts sont encore dedans. Ils seront enterrés en face dans le jardin « Rémolu ». Dans la côte de la laiterie, un soldat est mort. Sa jambe coupée est prés de lui. C’est triste. Enfin, nous arrivons à la maison. Toutes les vitres ont été cassées et la maison pillée. Les voisins qui habitent un peu plus loin ne peuvent pas passer le « Coq Hardi » car il y a encore des combats au « Pas Bayard ».

 

 

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             Le lendemain, c’est plus calme et on peut sortir. C’est affreux.  Les soldats tués, les chevaux morts attelés à leur caisson sont pour certains accrochés dans les arbres. Les hommes sont réquisitionnés pour enterrer les soldats morts et les chevaux. Cela dure des jours et des jours. Il y a des maisons brulées un peu partout. Un côté du village est brûlé. Dans l’église, les tirailleurs algériens qui se battaient ont été brulés. Les soldats tués sont enterrés sur place dans les pâtures ou même dans les jardins. Ce n’est que plus tard qu’ils seront déterrés est conduits au cimetière de Mondrepuis. Après la guerre, ceux qui ne seront pas réclamés par leur famille seront transférés au cimetière de la Désolation à Flavigny le Grand prés de Guise.

     

       Maintenant il faut s’organiser. Nous n’avons plus à manger, plus de ravitaillement. Les allemands nous donnent un morceau de leur pain gris. L’abbé Hiverlet arrive à faire livrer un peu de farine. Un boucher ouvre, il n’y a pas grand-chose, mais c’est le début. On va nous donner des cartes de ravitaillement. Nous avons droit à tant de grammes de pain par jour, très peu de viande par semaine.  Le sucre est distribué par mois et en très petite quantité. Nous faisons un grand jardin, on a labouré un morceau de pâture, nous y mettons des pommes de terre et des haricots. Nous achetons de faux tickets, c’est cher mais  il fallait manger un peu. Pour comble, les hivers sont très froids et nous n’avons pas beaucoup d’argent pour nous vêtir et pour nous chauffer.

 

 

 

 

 

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       La résistance s’organise. Les jeunes ne veulent pas partir travailler en Allemagne. Ils se cachent. Il faut les nourrir. Avec le temps, on prend espoir. Chaque nuit, des vagues de forteresse volantes passent et repassent. Elles vont bombarder en Allemagne. Une nuit, une de ces forteresses sur le chemin du retour est touchée par la DCA. Elle tourne très longtemps au dessus de chez nous. Nous

600 avion tombesne dormons pas, nous avons très peur. Elle s’écrase pas loin dans le bois. Deux des aviateurs sont tués. Les autres sont récupérés par la résistance sauf un qui est fait prisonnier. Le lendemain, les allemands sont fier de promener ce prisonnier pour le montrer à la population. Les aviateurs tués, des canadiens, sont enterrés au cimetière à coté des soldats tués le 17 mai. Il y a beaucoup de monde à leur enterrement. Sur leurs cercueils a été déposé un petit bouquet de fleurs bleues, blanches et rouges.

 

 

  

 

       Il y a des sabotages sur les voies ferrées. Des résistants sont arrêtés et fusillés. On les emmène à la citadelle de Saint Quentin et on les fusille dans la cour. Beaucoup de cheminots sont arrêtés et tués. Les bombardements reprennent alors sur les gares, sur les ponts et les alentours, des civils sont tués. Les personnes qui habitent en ville viennent habiter chez des parents à la campagne.

 

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       Les avions viennent en plein jour lâcher leurs bombes sur les gares d’Anor et d’Hirson, sur les viaducs d’Ohis et d’Hirson. Quand on les voit, on devine où ils vont bombarder. Les allemands deviennent de plus en méchants.

          Enfin, il y a le débarquement en Normandie. Ce jour là, il ya des soldats allemands partout. Ils ont arrêté des résistants et ont trouvé une cache d’armes. Ils ont pris des otages, les ont emmenés au « Pas Bayard » pour les relâcher quelques heures après.

          La guerre continue. Les américains avancent avec difficulté, aidés par la résistance.

         Nous écoutons les informations au poste qui viennent d’Angleterre mais c’est difficile de comprendre tellement le son est brouillé.  

          Puis, Paris est libéré le 25 août. Nous attendons avec impatience notre tour qui arrive le 2 septembre 1944 vers 10 heures du matin. Les Américains arrivent….

           La veille, il y avait des allemands partout dans la maison. Ils allaient au grenier, à la cave, dans les bâtiments. Nous n’étions pas rassurés, nous avons passé la nuit dans l’écurie avec tous les voisins. Nous étions tous rassemblés. Durant la nuit, le dépôt de munitions du fort d’Hirson a sauté et nous avons entendu des V1. Nous avons très peur.

   

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        Les américains logent un peu partout. Dans les pâtures, ils installent  leurs tentes. Nous sommes libérés mais la guerre continue.

           Toujours les privations. Nous allons en Belgique nous ravitailler en pain, café et huile.

           Enfin le 8 mai 1945, l’armistice est signé.  C’est la fête. Nous dansons pendant trois jours. Quel soulagement !

           Après, les prisonniers sont rentrés chez eux et la vie a repris doucement. Il y a eu des fêtes partout, c’était magnifique.

 

 

 

                                                                                                                  Retranscrit le 12 décembre 2014.

                                                                                        d'après les mémoires d'une habitante de Mondrepuis

                                                                                                                                                         M.J.M

 

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Commentaires
R
Bonsoir,<br /> <br /> Mon institutrice était native de Mondrepuis, elle avait été résistante pendant la guerre . Madame Clément .
Répondre
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